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Le passage du primaire au secondaire: un défi (parmi tant d’autres!) de l’adolescence

Par Jacques Moore, Ph.D., coordonnateur Services éducatifs au Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy

Je me souviens encore de ma première journée au secondaire.  J’attendais que l’autobus se pointe dans ma rue avant de sortir de la maison parce que je ne voulais pas me rendre au coin pour prendre l’autobus avec les «grands» du secondaire.  En même temps, j’avais tellement hâte d’arriver à l’école pour voir mes amis.  Bref, un mélange de craintes et d’excitations intenses!

Avec un certain recul, je comprends aujourd’hui que cet état était très caractéristique de la période de l’adolescence.  C’est-à-dire,  une période développementale qui constitue une transition entre l’enfance et l’âge adulte où l’on doit s’adapter à une multitude de changements sur les plans physique, psychologique, affectif, sexuel et social.  Il n’est donc pas étonnant de constater que cette période puisse à l’occasion poser des défis à l’adolescent lui-même et à son entourage.   Défis qui seront relevés en fonction des capacités individuelles et du système entourant le jeune (ex. : école, famille et pairs).

Ainsi, lorsque nous réfléchissons sur ce passage du primaire au secondaire, les capacités adaptatives du jeune sont fortement sollicitées.  Simultanément, l’adolescent devra apprivoiser un nouveau milieu et des attentes, de nouveaux pairs, un nouveau corps et les hormones qui y circulent et l’émergence d’une identité propre.  Face à ce bombardement, l’adolescent va de façon naturelle réagir par un rapprochement à son groupe de pairs.  Ce groupe lui procure un sentiment de sécurité; il lui permet de s’identifier à ses semblables, définir ses propres valeurs et de se sentir plus fort devant le monde adulte.  Face à se déplacement de l’intérêt et de la proximité vers les pairs, les parents peuvent se sentir inefficaces et peu importants dans leur rôle d’orienter et de soutenir leur adolescent. Les parents peuvent aussi sentir que l’ami de l’adolescent les remplace comme figure primaire d’attachement (c’est-à-dire la figure recherchée en situation de stress ou qui lui manque lorsqu’ils sont séparés). Ils peuvent également craindre que de « mauvais » amis influencent leur adolescent à suivre des directions indésirables dans leurs buts et leurs comportements.  Bref, les parents sentent qu’ils perdent de l’importance et du contrôle face à leur enfant.

À cet effet, il est essentiel de défaire ce mythe que l’adolescence est une période de «détachement» des parents.  Évidemment, il est clair que les relations parent-enfant traversent une transformation pendant l’adolescence.  Toutefois, contrairement à la croyance populaire, la sécurité caractéristique du lien unissant l’adolescent à ses parents sera un facteur lui permettant de devenir autonome.  En des mots plus simples, plus l’adolescent est attaché à ses parents, plus il sera en mesure et se sentira libre d’aller explorer d’autres relations sociales et le reste du monde, de se faire confiance et de se définir comme personne.

Pistes d’intervention pour les parents

Dans un objectif pratique, voici quelques suggestions pour les parents qui se doivent de continuer à jouer leur rôle de guide auprès de leur adolescent dans le passage du primaire au secondaire :

L’adolescent a besoin de ressentir que ses parents sont disponibles, accessibles et qu’ils le soutiennent dans ses expériences.  Cette disponibilité se caractérise par l’écoute active, la chaleur, la surveillance du comportement, l’établissement de limites et la négociation (l’adolescent participe davantage aux prises de décision familiale).

Soutenir l’expression des sentiments, des croyances et des buts de l’adolescent malgré que ceux-ci puissent être en confrontation avec les valeurs des parents.  À cet effet, le conflit doit être normalisé et être compris comme une opportunité de développer l’autonomie et ses capacités de résolution de problèmes interpersonnels.

La participation et la communication des parents avec les responsables de l’école favorisent le développement de la compétence scolaire chez l’adolescent.

Les parents doivent demeurer vigilants en ce qui a trait aux pressions exercées par le groupe de pairs et au choix judicieux des ses relations amicales.  Évidemment, cette surveillance doit demeurer convenable et respectueuse tout en étant protectrice si la situation l’exige (ex. : actes délinquants, toxicomanie…).

L’adolescence est une période développementale très riche en apprentissage sur plusieurs plans.  Malgré l’importance accrue des pairs, les parents demeurent des figures primaires qui se doivent d’exercer leur rôle de guide et de soutien dans des situations comme le passage au secondaire.  Enfin, il faut demeurer attentif aux généralisations des troubles à l’adolescence.  En effet, la grande majorité des adolescents traversent cette période sans troubles majeurs d’adaptation.  Ainsi, nous devons conserver en mémoire les traits caractéristiques de l’adolescence, car ce n’est pas la nature des difficultés qui pose des problèmes, mais bien leur fréquence, leur intensité et leur durée.

Références
http://www.phac-aspc.gc.ca/dca-dea/publications/attachment_adolescent-fra.php